La résolution de problème parle d’abord de ton problème

François Laugier
6 min readMay 6, 2023

Vivre mal une relation, dans le couple ou ailleurs, c’est prendre conscience d’un besoin non nourri mais aussi probablement oublier sa propre capacité à nourrir d’abord ce besoin.

Les mal être que l’on rencontre dans nos vies, dans nos inter-relations sont souvent des miroirs des manques de soin que nous prenons de nous même. Tellement plus simple, facile, ou évident, acquis, d’attendre que la solution de mon problème vienne de l’autre. Dans les schémas de résolution de problème, il est fréquent (voir systématique) que l’exercice se fasse à 2, alors que c’est d’abord à la personne qui vit le problème de comprendre la source originelle de ce problème.

En atelier ou en coaching, quand un participant ou un client me parle de ce problème avec untel, je pose souvent la question suivante :
“oui, dis moi qui a le problème en fait?”
Il en est de même quand je suis sollicité pour coacher une personne ou une équipe. La personne qui me mandate a semble-t-il un problème qu’elle perçoit au niveau de cette personne ou de cette équipe. Il est souvent bien plus utile alors de coacher également/principalement ce demandeur…

On a un problème à résoudre

Le “on” qui désigne à la fois tout le monde et personne est justement si impersonnel, qu’il permet d’éviter de se confronter à certaines réalités, peut être plus dérageantes que le problème dont il est question.

  • On a un problème dans notre couple
  • On a un problème dans notre équipe
  • On a un problème dans …

Ce genre d’affirmation, pour vrai qu’elle soit au moins en partie, n’invoque que la programmation de séances de déconstruction du problème et une ambition participative de résolution. Il est tellement vrai que plusieurs cerveaux sont plus efficaces qu’un seul, ne serait-ce qu’en terme de créativité. C’est un bon outil, mais… parlons nous de vrai problème ou sommes nous en train de l’éviter?

Qui a le problème?

Il est fréquent que je reçoive des clients qui m’expose le problème qu’ils ont avec telle ou telle personne et que quand je demande comment l’autre le vit, la réponse soit “je ne suis même pas sûr qu’il/elle s’en rende compte!”. C’est passionnant je trouve de vivre un mal être et de poser réellement la question de qui a le problème. Parce que c’est souvent moi et seulement moi en fait. Cela peut générer d’autres problèmes ensuite dans mes inter-relations mais ils ne sont que les conséquences de mes efforts maladroits de ne pas considérer et assumer mon propre mal être.

Comment je me sens face à ce problème? Qu’est-ce que cela crée en moi? Si j’étais seul dans mon univers, ce problème existerait-il toujours ou prendrait-il une autre forme? Comment j’aurais envie de modifier mon environnement si je souhaitais que ce problème ne puisse exister? Finalement qu’est-ce que je me souhaite de vivre? Qu’est-ce qui me manque pour le vivre? Qu’est-ce que je ne fais pas pour m’assurer de ne pas le réaliser?

Remarque que ce monologue est uniquement formulé en “Je”. Cette discussion autocentrée est tellement riche. Pour ma part, chaque expérience d’introspection profonde me rempli de tant de gratitude et d’amour quand je prends conscience de m’être un temps occupé de moi. As-tu déjà essayé? Alors tu comprends que ce n’est pas facile à exprimer mais tellement puissant à vivre. Je le ressens comme un véritable carburant, et ce n’est que le début!

Parce qu’une fois parcouru cette exploration de moi, j’ai déjà pu constater qu’il existe des réponses à ma portée. Des petites transformations qui m’appartiennent, que je n’ai ni le goût ni l’envie de partager à d’autres mais qui vont aller changer fondamentalement ma perception de la situation, sans probablement que d’autres s’en rendent compte, mais après tout, qui a le problème?

La théorie des dominos

On parlait d’un problème dont la racine plus profonde n’était pas explorée, mais elle l’est maintenant et j’en suis le meilleur architecte de la solution et d’ailleurs j’ai déjà commencé à nourrir ce besoin. Etonnament, il devient plus difficile de parler du problème initialement exprimé, celui qui valait ce mal être. Ce problème n’en est plus un, devient plus ténu ou perd de sa raison d’être, de son importance. Un domino fait tomber tous les autres. J’avais bâti tout un château de cartes pour mettre un problème en haut bien visible afin de ne montrer que lui, pour garder sa cause cachée, confidentielle, privée, intime.

En m’efforçant de ne pas prendre conscience du soin que je me dois, j’en arrive à construire un système de croyances qui viendront justifier toujours plus que le seul vrai problème dont il faut parler n’est pas en moi.

Est-ce vraiment un problème?

L’as-tu vécu comme moi ou mes client en coaching, en atelier, ce moment où tu prends conscience que ce problème qui prenait toute ta concentration, ton énergie, n’est en fait rien de considérable? C’est le moment où tu deviens tellement à l’aise avec ton propre problème que tu comprends mieux comment la situation est devenue ainsi. Tu perçois bien plus aisément comment le faire disparaître. Et pour cela tu n’as pas besoin de résoudre d’abord ton propre problème. Le simple fait de l’avoir conscientisé, nommé, visualisé, lui donner le droit d’exister et de faire partie de ce que tu es, vient expliquer naturellement ses conséquences. Libre maintenant de gérer toi même la façon dont tu vas nourrir ce besoin, tu sais prendre ce qui vient avec beaucoup plus de distance. Et cette capacité de recul est un outil formidable dans ta capacité à gérer le quotidien et d’être moins dans cette réaction permanente qui t’accapare et t’épuise.

La “magie” du coaching, c’est surtout des croyances à démonter

Le rôle du coach est de t’accompagner à éclairer ce que tu as choisi jusqu’à aujourd'hui de laisser caché dans l’ombre. La plupart des coachings de mes clients sont passés à comprendre quel est le problème. Peut être même 90% du temps y est dévolu. Et ce n’est pas ne pas avancer efficacement, bien loin de là. Mes premières croyances sur le coaching se basaient sur ma capacité à aider le client à construire sa solution au fil des rencontres, jusqu'à ce qu’il se sente en capacité d’agir seul, en autonomie. Mais ce que j’ai constaté, que ce soit en coaching individuel ou en groupe, que ce soit pour des sujets intimes ou organisationnels, stratégiques, c’est qu’une fois le vrai problème posé, la solution est pour le moins évidente. La recherche de la bonne solution pour le client c’est 2% du temps des séances. Et encore je pose un chiffre consistant parce que si j’avais écrit 0% tu serais trop choqué, alors que c’est pourtant souvent une réalité. Le travail d’exploration en lui même élabore dans l’esprit du client le cheminement évident vers le nouveau comportement aidant. Les 10% restants alors? C’est du renforcement positif. Simplement consolider les nouvelles croyances là encore en gardant l’éclairage sur ce qui est vraiment aidant ou ce qui ressemble à un retour aux anciennes habitudes. Et ça se fait encore au travers de questions. N’attends pas de ton coach qu’il te dise quoi faire, il est là pour que tu comprennes toi même ce dont tu as besoin. Le coaching c’est t’aider à prendre conscience que tu as tout autant le potentiel de te créer des problèmes que de les résoudre. C’est t’aider à faire tes choix en conscience et bâtir de nouvelles croyances aidantes. Et ce travail, tu peux le faire par toi même. Un coach est certainement un moyen d’y aller avec plus de rapidité et de puissance, mais tu n’as réellement besoin de personne pour apprendre à mieux te connaître, t’accepter et aimer ce que tu es. n’attends pas d’avoir un coach pour faire ce travail sur toi, tu te le dois, tu y as droit.

Le genèse de cet article

Ce matin j’ai écouté ce bref message de Thomas Dasembourg, et si tu ne le connais pas encore, je t’invite vraiment à écouter ses différentes interventions, Youtube en fourmille. Que le sujet qui porte son discours te parle directement ou pas, tu pourras prendre le recul nécessaire pour voir en quoi cela s’adapte aussi à ta problématique. L’humain est ainsi fait que nous savons reproduire nos schémas comportementaux dans toutes les sphères de nos vie.

et sur ce, prends soin de toi, avant tout le reste!

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François Laugier

Coach professionnel, Agiliste pragmatique, j’aime être le facilitateur de la mise en mouvement des personnes, équipes, organisations, vers leurs objectifs.