Le Coaching de transformation : Coaching ou méthode

François Laugier
6 min readAug 3, 2023

Et oui, même chatGPT le sait! Commencer un coaching de transformation (agile ou pas), ce n’est pas :

  • Présenter un plan de transformation
  • Parler de son parcours et de ses réussites
  • Proposer une formation
  • Demander qui est l’équipe à coacher (c’est bien mais pas maintenant 🤣)
  • [ Cette option est laissée libre pour que tu puisses ajouter un commentaire ton anti pattern de coaching préféré ]

Tout coaching est centré sur le besoin du client. Et comme on ne veut pas perdre de temps, on va déjà demander pourquoi on est là!

Start with WHY

Simon Sinek (♥️) le partage depuis bien longtemps dans ses interventions, toute l’énergie nécessaire à la transformation se trouve dans le pourquoi. Quel est le niveau d’inconfort ressenti dans la zone de confort actuelle? (Oui ça vaudra le coup de revenir sur la mauvaise appelation de la zone de confort)
Quelle meilleure situation souhaite-t-il vivre?
Qu’est-ce qui montre concrétement que la situation qu’il décrit est vraie?
Et puis… Qu’est-ce qu’il attend de ton coaching! Qu’est-ce qui montrera que l’objectif est atteint?

Le Pourquoi c’est bien la seule chose que l’on doit travailler avec le client, parce que le Comment sera bien plus facile pour lui à déterminer quand le Pourquoi sera clarifié. Vraiment hein, pas le pourquoi qui dit “Parce qu’on va passer à l’échelle”…

Pour lui? Tu ne lui dit pas comment faire?

Si ton client veut seulement que tu lui dises comment réussir sa transformation, change ton titre pour “Conseil Agile”, “Expert en transformation”, “Transformateur Omnipotent”… que sais-je. Mais plus Coach!! Je suis pas méchant mais je me traine quand même une douce colère de l’amalgame qui est fait de nos différentes pratiques. Je ne crois pas aux conseils (qui n’engage que ceux qui les croient, comme les promesses). C’est personnel, d’autres sont très à l’aise avec ça.

Si je veux rendre mon client autonome, je dois lui permettre de s’approprier le cheminement de sa transformation, par les choix qu’il a fait. Mon rôle va être de l’aider à s’assurer qu’il croit vraiment que ses choix seront aidant à l’atteinte de son objectif. L’aider à confronter ses fantasmes avec les réalités qu’il vit. Ainsi, il fera sans aucun doute les meilleurs choix pour lui, bien meilleurs que ce que j’aurai pu lui donner avec le peu que je sais de lui et de son organisation.

Le monde VICA\VUCA, c’est la fin du conseil

Le monde VICA (VUCA en anglais) : Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu rend (pour moi encore une fois) la pertinence du Conseil obsolète. Je ne me sens pas capable de donner le meilleur conseil à un instant T, se basant notamment sur mon expérience, avec le confiance que l’avenir se déroulera également comme je l’ai vu ailleurs, ou comme j’ai pu apprendre que cela devait se dérouler. Ce qui fonctionne (à mon sens, je ne le répéterais jamais assez) c’est de maximiser les capacités d’adaptation de mon client pour qu’il se rende capable de prendre les meilleures décisions au meilleur moment en fonction de son contexte, son histoire, son projet.

En tant que Coach, je ne sais pas quelle est la meilleure façon pour mon client d’atteindre son objectif. Je me l’interdis en fait. Je suis farci de biais et de certitude et j’ai l’expérience de plusieurs transformations réussies ou moribondes. Cela va probablement orienter mes questionnements confrontants à la lumière de ce que je constate et c’est déjà beaucoup! Mais STOP! Le reste appartient et doit continuer d’appartenir à mon client!

Un client autonome n’a plus besoin de toi

Oui! Et c’est bien ce qui est recherché dans le coaching, que le client finisse par te dire (et le challenge du coach c’est que ce soit le plus rapidement et confortablement possible) : “Merci pour cet accompagnement, je me sens prêt pour continuer par moi même maintenant.”

Préparer son départ dès le premier jour

Ton client ne doit jamais se sentir en situation de dépendance.

Premier écueil : La mission temps plein!

Être à disposition permanente de son client c’est lui laisser l’opportunité de se raccrocher à son coach-doudou. C’est forcément inconfortable de ne pas pouvoir compter en tout temps sur la personne représentant la confiance en l’avenir. Mais là, encore une fois, on est pas dans du coaching. C’est dans ces moments d’inconfort que le client avance le plus, pas dans la séance qu’il a avec moi. Bien sûr, il sait que je serai bientôt de retour et on pourra débriefer de ce qu’il a vécu, ce qui restait d’inconfortable et le niveau ressenti de cet inconfort, le constat qu’il fait des choix qu’il a fait, son ressenti d’avoir pris ses propres décisions à la lumière du travail que nous faisons de connaissance de lui, de son organisation, de son contexte.

Mon travail peut s’arrêter à n’importe quel moment, c’est au client d’en décider. Et pour lui permettre ce pouvoir nécessaire, chaque séance prépare la dernière qui sera peut être la prochaine.

Deuxième écueil : Le pouvoir du Coach

Le Coach ne fait pas partie de l’organisation, il accompagne une partie de cette organisation/système. Combien de fois suis-je contraint de rentrer dans le système parce que je dois utiliser le matériel, l’infrastructure, les services de l’organisation pour être en lien avec les personnes que je suis sensé accompagner! Rentrer dans le système est un moyen homéostatique pour que je fasse partie du système, que je le comprenne et que je finisse par accepter ce qu’il est. Finalement, comme mes clients. Et doucement en accepter l’inacceptable. Ne plus être capable de demander pourquoi, parce que je le sais déjà.

En intégrant le système, en le connaissant de mieux en mieux, en posant des décisions ou simplement en ayant de l’impact sur le système, je rentre dans un jeu complexe de biais cognitifs qui vont au fil des jours me rendre incapable de bien faire mon job. Il sera difficile d’aller à l’encontre de décisions que j’ai pu porter, difficile de voir des personnes que je connais bien maintenant être impactées défavorablement par les décisions de mon client. Je fais partie du système, je comprends ses règles de fonctionnement et toute ma stratégie va prendre ces éléments en compte et colorer mon accompagnement. En quoi est-ce négatif? Un système (individuel ou organisationnel) va toujours chercher l’homéostasie, à continuer d’être ce qu’il est. Mais le succès du coaching passe par des changements de type II (Gregory Bateson) synonymes d’évolution et ça veut dire, changer profondément le système, ce qu’il est de son fonctionnement. Conséquence, un coaching est nécessairement confrontant et court! Quelques semaines, quelques mois, mais au delà, je suis surtout en train de me créer une rente. Même une transformation à l’échelle de toute une organisation ne peut pas prendre des années si elle est accompagnée par un coach. Le temps qui passe est facteur d’immobilisme plus que de confort. Autrement dit, se laisser le temps de changer, c’est se donner la chance de ne pas changer.

Le mentorat c’est pas du conseil?

Le mentorat, c’est partager son expérience et son vécu. Cela veut dire qu’en fonction de la difficulté rencontrée par mon mentoré, je peux lui raconter ce que j’ai vécu comme situation qui me semble identique, ce que j’ai choisi de faire et les résultats que j’ai perçu. On est loin d’une méthode à suivre pas à pas. Le mentorat c’est le partage de l’expérience, pas une formation “Fais comme moi”.

Quelle différence entre individuel et organisationnel?

Personnellement, je n’en fait pas tant. Un individu est un système, une organisation est un système. Le coaching est un accompagnement au changement systémique. La seule différence, c’est qu’en individuel, j’ai accès au centre de contrôle de ce système, mon client est un tout et j’échange avec lui de ses prises de décision autant que ses ressentis. En organisationnel, c’est plus souvent tellement siloté que je me retrouve à coacher un organe qui fera ce qu’il peut pour que sa propre transformation apporte du mieux à l’ensemble de l’organisation qui n’a rien demandé (Le centre de décision en premier lieu). Alors à minima, coacher une équipe, c’est embarquer son gestionnaire dans le coaching. Dans une organisation tayloriste comme il existe encore tant, l’effet du coaching se limite à moins que le périmètre qui lui est dévolu.

Je suis curieux de connaître ton avis sur ce que tu viens de lire. Encore une fois, je n’ai pas réussis à me limiter à un seul sujet mais c’est pour moi tellement de sujets à tiroirs que j’ai de la difficulté à mettre un sujet de côté s’il permet d’en expliquer un autre… Bref! Quel est le sujet abordé qui te fais réagir le plus? Fais moi tes retours :)

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François Laugier

Coach professionnel, Agiliste pragmatique, j’aime être le facilitateur de la mise en mouvement des personnes, équipes, organisations, vers leurs objectifs.